Les travailleurs sans-papiers sur les chantiers des JO Paris 2024 prennent la parole

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Les travailleurs sans-papiers sur les chantiers des JO Paris 2024 prennent la parole

10 avril 2023, par Africa News

Gaye Sarambounou a l’habitude des longues journées de dur labeur pour gagner sa pitance. Ce malien vit en France sans permis de travail, mais c’est une situation malheureusement trop commune aux quatre coins du monde.

Photo : Un jeune homme présente une revue des travailleurs sans-papiers : "on bosse ici, on vit ici, on reste ici". Crédit : Petit_louis (CC BY 2.0)

La différence, ici, c’est que Sarambounou fait partie de l’armée de petites mains qui travaillent sur les sites qui hébergeront les Jeux Olympiques de Paris l’année prochaine.

Le fait que l’image que la France veut projeter à travers cet événement sportif soit construite à l’aide de travailleurs illégaux est en train de devenir un foyer de tensions sociales et politiques.

Pendant trois mois, Sarambounou, 41 ans, a travaillé à un rythme de huit à onze heures par jour, pour 80 € la journée.
Évidemment, « les heures extra ne sont jamais payées », raconte-il tristement.

« J’ai accepté parce que je suis conscient de ma situation. Si tu n’as pas de papiers, tu fais le travail le plus dur, tu fais tout le sale boulot. Pas le choix », dit-il en faisant bouillir de l’eau sur le réchaud installé sur le sol de la petite chambre qu’il partage avec quatre de ses compatriotes.

« Tout le monde sait ce qui se passe, mais personne n’en parle » explique Sarambounou en souriant, après avoir été mis à la porte du chantier d’un bâtiment olympique l’année dernière, suite à une inspection du travail.

Le syndicaliste Bernard Thibaud, co-président du Comité de suivi de la charte sociale Paris 2024, déclare qu’il y a « une grande hypocrisie de la part des autorités politiques ».

En signe de préoccupation, l’Inspecteur du Travail a créé une unité spéciale en charge de contrôler près d’un chantier par jour depuis bientôt deux ans.

Les gens qui sont « exploités »

En juin, neuf travailleurs en situation irrégulière ont été identifiés sur un chantier géré par Solideo, l’entreprise publique en charge de la construction des installations et de l’infrastructure pour les Jeux Olympiques.

Au même moment, un procureur de la République a ouvert une enquête préliminaire pour « emploi d’étrangers sans titre en bande organisée ».

Solideo a promptement « pris les mesures nécessaires » en rompant le contrat avec le sous-traitant en faute, mais également avec le géant de la construction qui l’avait employé, selon Antoine du Souich, directeur stratégique de l’entreprise.

Depuis lors, les procédures se sont durcies, assure-t-il, tout en admettant qu’il est impossible de mettre en place un système « complètement imperméable » à ce genre de fraudes.

« Tous ces beaux stades sont construits par des gens pauvres… qui sont exploités » soupire un autre travailleur malien, qui a demandé à conserver l’anonymat.

« C’est toujours près de 80 % d’immigrants qui font le travail. Tu vois des Maliens, des Portugais, des Turcs. Et les Français… dans les bureaux ! » ajoute-il.

Les travailleurs maliens ne veulent rien d’autre qu’être régularisés, pour ne plus avoir à vivre dans la peur d’un contrôle d’identité.

Le syndicat CGT se prépare à demander la régularisation de Sarambounou, afin qu’il reçoive un permis de travail. S’il l’obtient dans les 18 prochains mois, les difficultés qu’il a dû endurer « ne seront qu’un mauvais rêve », déclare-t-il.

« Je serai régularisé à temps pour les JO ! »

Voir l’article original en anglais sur le site de Africa News

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